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Posted: 29 Dec, 2019 @ 3:21pm
Updated: 30 Dec, 2019 @ 12:36am

D’ordinaire, le Styx, on le traverse. Enfin, pour peu qu’on accorde quelque crédit à la mythologie grecque. Sauf que ce Styx-là – un gobelin à la gouaille inimitable – ne l’entend pas de cette oreille. D’autant moins que sa marotte à lui consiste justement à traverser des choses. De préférence, des choses à l’intérieur desquelles bât un palpitant. Histoire qu’elles arrêtent de… eh bien, de palpiter quoi. Voilà, voilà, voilà. Introduction laborieuse : check.

Après un premier opus d’excellente facture, revoilà donc notre gobelin préféré. Sache qu’il n’a guère changé : son verbe tranchant n’a d’égal que sa lame aiguisée (mention spéciale aux cutscenes résultant d’un gameover, même si elles cassent un peu l’immersion). Et il rapporte toujours 22 points au scrabble, le bougre ! Pour cet épisode intitulé Shards of Darkness, il se retrouve embringué, après un larcin en bonne et due forme, dans une sombre histoire mêlant ambre et elfes noirs.

Il rencontrera divers personnages, parmi lesquels Helledryn, capitaine d’un escadron C.A.R.N.A.G.E.Combatants for Attacking, Reaping, Neutralising and Annihilating all Goblins to be Eradicated. Autant dire qu’a priori, ces deux-là ne sont pas vraiment faits pour s’entendre. De fil à égorger en aiguille empoisonnée, un larcin en entraînant un autre, Styx mettra au jour un commerce à bien des égards… juteux. Si les rebondissements ne manquent pas de panache, certains lui reprochent en revanche d’être un peu brutal dans sa conclusion. Ceci étant dit, il s’agit bien d’une conclusion, stricto sensu (celle-là, elle est pour toi, Aaron).

En matière de gameplay et de level design, Shards of Darkness ne sort pas vraiment de sa zone de confort. Comprenez par là qu’il reprend les codes de son prédécesseur – et aussi ses travers, hélas… Nous retrouvons ainsi un mode opératoire peu ou prou similaire, que ce soit pour l’assassinat ou l’infiltration. Nos bons vieux réflexes reviennent d’ailleurs en un rien de temps ! Tu sais, dégobiller dans une outre, bousculer par inadvertance un garde posté au bord du gouffre, se foirer en réparant l’attache d’un chandelier… Le tout ponctué des bons mots que se plaît à dispenser cette crapule de Styx.

Ah, nous y voilà ! Au moment précis où tu commences à suspecter Shards of Darkness de n’être qu’une copie conforme de Master of Shadows. Détrompe-toi, l’ami ! Bien qu’elles ne transfigurent pas le gameplay, les nouveautés sont bel et bien là : fléchette empoisonnée, cocon et piège d’acide, par exemple. De quoi se débarrasser proprement d’un garde en armure, autrement difficile à tuer et trop lourd pour être transporté. Deux ennemis inédits font leur apparition : l’insecte volant et le nain – le premier qui me dit ne pas voir la différence, je vomis dans son outre. Ce dernier, non content d’être cuirassé, possède un renifloir à faire pâlir de jalousie un certain Cyrano. Renifloir grâce auquel il détectera notre odeur de peau verte à plusieurs mètres à la ronde. Mais rassure-toi, à chaque problème, sa solution.

Au rang des nouveautés, on compte en outre… Tiens, c’est marrant, ça ! Peut-être l’auras-tu deviné, mais je suis nain dans l’âme. Et le nain, ça compte en outre. De bière. Soit dit en passant, ça a été un crève-cœur de zigouiller des confrères… Bref, au rang des nouveautés, on compte l’artisanat. Lequel te permettra de fabriquer fléchettes, pièges et fioles en tous genres, moyennant des matériaux qu’il faudra d’abord récolter dans les niveaux. Pour peu que tu connaisses la recette en question, il va de soi. Et c’est là qu’intervient l’arbre de compétences, plus poussé et fourni que celui de Master of Shadows. Chaque branche est ainsi composée de neuf talents, dont deux ultimes, déblocables sous condition (ouste ! c’est un spoiler). À noter que tu ne pourras en choisir qu’un seul, l’arbre étant bien entendu réinitialisable.

Plus d’une quarantaine de compétences permettra d’améliorer les différentes facettes du gameplay. Si bien que chacun y trouvera son compte, selon qu’il souhaite foncer dans le tas (dois-je te rappeler qu’il s’agit d’un jeu d’infiltration… ?), la jouer avec ou sans les clones, maximiser la perception de son environnement, son équipement, l’efficacité des assassinats, etc. Inutile de te dire qu’une fois tout ce petit monde débloqué, Styx devient complètement pété. À tel point que les défis proposés ne sont plus dès lors qu’une formalité ; y compris celui consistant à finir le niveau en temps imparti.

En un mot comme en cent, jouer Styx est toujours aussi jouissif ! D’autant plus que le level design est encore au rendez-vous. Les niveaux sont complexes, le plus souvent tout en verticalité, tant et si bien construits qu’ils encouragent de multiples approches. Je conçois tout à fait qu’on juge moins aboutis les environnements en intérieur (s’y orienter est parfois difficile), mais le manque de visibilité tombe un peu sous le sens. Et puis il n’y a là rien qu’un peu d’habitude ne saurait résoudre.

Enfin, à l’instar de son prédécesseur, on peut lui reprocher une I.A. un poil permissive (ou carrément miro, au choix) et cette manie, moins prégnante cependant que pour Master of Shadows, qu’il a de recycler des niveaux déjà traversés au cours d’une mission précédente. L’agencement des gardes diffère et ces zones sont parfois enrichies de sections inédites, certes, mais du neuf aurait tout de même été préférable. Neuf, à l’image de ces deux boss qui ajoutent aux phases de jeu une diversité et une tension bienvenues.

Pour conclure, je ne dirai qu’une chose : 44h en moins d’une dizaine de jours. Ce Styx, Je l’ai… torché. Je l’ai lampé jusqu’à la dernière goutte. J’ai complété jusqu’à l’ultime quête secondaire. J’ai rempli chacun des défis qu’il propose. Je lui ai roulé dessus, à ce Styx, je l’ai essoré, je l’ai tronch…

* bruit de biscotte *

NB : Pour le bug de la lettre, dans la mission 3, jette un œil par ici.

Verdict : 4,5/5 - Excellent, à acheter les yeux fermés !

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6 Comments
Berserkr 31 Dec, 2019 @ 5:30am 
Merci, tout le plaisir est pour moi ! La direction décline en revanche toute responsabilité vis-à-vis de vos portefeuilles respectifs.
Guizminator 31 Dec, 2019 @ 12:13am 
Très bonne évaluation. En revanche, je ne te remercie guère... Maintenant, j'ai envie de jouer à cet épisode de Styx, sacrebleu !
Kaiser Panda 30 Dec, 2019 @ 6:43am 
Le 1 me fait déjà de l'oeil, cette encensement du 2 de votre part me motive donc d'autant plus.
Merci à vous ! :-)
Le-MaN 30 Dec, 2019 @ 5:48am 
ptdr Perceval, moi aussi j'ai vu "Elle" et c'est une véritable insulte au jeu....Du coup ça fait une éternité que le jeu traine dans ma bibliothèque sans que je ne trouve l'envie de le lancer. Mais il se pourrait que grâce à la critique de Berserkr, la motivation revienne ^^
Berserkr 30 Dec, 2019 @ 12:50am 
Merci beaucoup, ça me fait vraiment plaisir ! D'autant plus de ta part, Perceval, car je te sais très critique.

J'ai lu l'un de tes textes, il y a quelque temps (impossible cependant de me rappeler où, quoi, etc), où tu faisais mention de cet emploi du pronom "vous". J'y ai réfléchi et force est d'admettre que tu as raison. Et puis rien ne sert de mettre une distance supplémentaire entre celui qui écrit et celui qui lit, il y a déjà l'écran. J'ai donc changé mon fusil d'épaule.

Bref, un "vous" avait survécu à la purge, mais les vieilles habitudes ont la vie dure, que veux-tu...
Life is Perceval 29 Dec, 2019 @ 10:10pm 
Depuis que j'ai vu Styx dans Elle (Verhoeven), et Isabelle Huppert comme directrice fictive de la boîte de développement, j'suis un peu attiré...

Alors en plus, là... avec cette belle évaluation... Tu choisis tes mots avec soin, ça se sent. Et puis, c'est rare de lire des évaluations où l'pronom d'la deuxième personne du pluriel est remplacé par le "tu"... Mes yeux t'en remercient. Rien n'est jamais de trop pour améliorer la fluidité d'un texte.